Il évite un missile nucléaire nord-coréen (sa technique va vous étonner) !

Publié le 7 août 2017

La République populaire démocratique de Corée a procédé au tir expérimental d’un missile balistique intercontinental Hwasong-14 le 28 juillet dernier. On a appris ces derniers jours qu’un Boeing 777 d’Air France se trouvait dans le secteur, alors qu’il effectuait le vol 293 entre Tokyo et Paris. L’avion et ses 323 passagers ne sont pas passés loin de la catastrophe… et par pas passés loin, je veux dire 150 kilomètres. De quoi relativiser le catastrophisme qui transpire des articles de presse.

Illustrer un billet sur un Boeing 777 avec un A321… pour ma défense, les 777 d’Air France ne sont pas courants à Toulouse.
Illustrer un billet sur un Boeing 777 avec un A321… pour ma défense, les 777 d’Air France ne sont pas courants à Toulouse.
© Clément Gruin

On n'a pas échappé à un nouvel MH17

Le parallèle avec le vol MH17 – qui s'est fait abattre au dessus de l'Ukraine en juillet 2014 – paraît bien audacieux. Rappelons que le 777 9M-MRD avait été pris pour cible par un missile sol-air. Un avion de ligne touché par un missile sol-air n'a que peu de chance de survivre aux dégâts infligés.

La principale différence pour le vol AF293 du 28 juillet, c'est que l'arme impliquée était un missile balistique intercontinental (un missile nucléaire sol-sol, quoi) et qu'il ne prenait pas l'avion pour cible. Aucune raison que cela affecte la sécurité du vol à plus d'une centaine de kilomètres de là, donc.

La vraie question

Selon les autorités américaines, citées par ABC News, le missile s'est abîmé dans la zone économique exclusive du Japon, 10 minutes après que le Boeing ait survolé cet endroit. Cela amène à penser que si le vol d'Air France était parti avec 10 minutes de retard, leurs trajectoires auraient pu se croiser…

Sous ces conditions, l'hypothèse d'une collision peut-elle être évoquée ? Si elle ne peut être totalement exclue, elle repose néanmoins sur le hasard (et le ciel est grand). Car, à la différence des missiles sol-air qui se dirigent vers leur cible, le Hwasong-14 n'aurait heurté le 777 que par un malheureux hasard. De plus, les dégâts occasionnés n'aurait pas été de même nature, puisque les missiles sol-air explosent à proximité de leur cible afin de leur infliger des dommages, tandis qu'une arme nucléaire ne détonne pas à l'impact.

Une question demeure néanmoins. Comment s'assurer qu'un tir de missile sol-sol ne mette pas en danger la sécurité du trafic aérien civil ?

Des zones de non-survols sont publiées aux NOTAMs pour éviter ce genre d'incidents, mais cela ne règle pas la question des ICBM, dont la cible se trouve généralement (et logiquement) en dehors de ces zones. Et cette interrogation ne se limite pas au cas nord-coréen : le problème se pose également pour Warren AFB, Tongdao, Kozelsk… car le tir d'un ICBM n'est généralement pas annoncé en grandes pompes au préalable.

En conclusion

Il est fortement exagéré de dire qu'un avion d'Air France a évité de peu une catastrophe nucléaire. Et quand bien même cela aurait été une catastrophe sous les conditions que nous avons détaillées, il n'y aurait pas eu de détonation nucléaire, puisque les tirs d'essais ne sont pas armés de têtes nucléaires.

Alors à la place d'un récit médiatique catastrophiste, je vous livre une question que je me suis posé il y à quelques temps, et à laquelle je n'ai – désolé – pas de réponse : comment s'assurer que le tir d'un missile sol-sol ne menace pas le trafic aérien civil ?

Postface : un titre putaclic et une illustration à côté de la plaque… j'espère que mon billet est pertinent et ne raconte pas de conneries, sinon je ne vaut pas mieux qu'eux. ;-)