Brexit : easyJet met le cap sur Vienne

Publié le 19 juillet 2017

EasyJet Europe sera la filiale qui doit permettre à la low-cost orange de s’épargner les conséquences du Brexit et de continuer à opérer sans restrictions à l’intérieur de l’Union.

Un Airbus A320 d’easyJet décollant de Toulouse-Blagnac
Un Airbus A320 d’easyJet décollant de Toulouse-Blagnac
© Clément Gruin

EasyJet a annoncé la semaine dernière la création d'une filiale basée à Vienne (Autriche), en anticipation de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. En effet, si le Ciel unique européen prévoit qu'une compagnie basée dans un État membre peut librement desservir les autres pays membres, les compagnies britanniques n'en bénéficieraient plus une fois en dehors de l'Union… une perspective catastrophique pour la low-cost, qui a réussi à s'implanter sur les aéroports à travers l'Europe.

Cette annonce n'est d'ailleurs pas une surprise, puisqu'easyJet avait annoncé son intention d'obtenir un certificat de transporteur dans un État membre dès le lendemain du référendum du 23 juin 2016. Cette filiale, baptisée easyJet Europe, a donc pour but de pouvoir poursuivre sans restriction l'exploitation des lignes à l'intérieur de l'Union qui ne sont ni au départ ni à destination du Royaume-Uni.

« Le siège sera établi à Vienne et permettra à la compagnie de continuer à voler à la fois à travers l'Europe et en domestique au sein de pays européens, une fois que le Royaume-Uni aura quitté l'Union européenne — quoi qu'il advienne des discussions sur le futur accord aérien entre le Royaume-Uni et l'Union européenne », fait savoir la société britannique dans un communiqué.

Un Airbus A319 d’easyJet à l’atterissage à Toulouse-Blagnac
Un Airbus A319 d’easyJet à l’atterissage à Toulouse-Blagnac
© Clément Gruin

EasyJet Europe restera bien une filiale d'EasyGroup mais devrait bénéficier d'une autonomie complète. Si la base de Luton conserve l'exploitation des 140 appareils basés au Royaume-Uni, la centaine d'avions qui opère les lignes européennes sans passer par la Grande-Bretagne sera désormais gérée par la nouvelle base autrichienne. Ces aéronefs recevront alors une nouvelle immatriculation autrichienne.

L'entreprise a l'intention de devenir un groupe pan-européen avec cette nouvelle base, et disposera ainsi de filiales basées en Autriche, en Suisse, et au Royaume-Uni. Ces trois compagnies seront contrôlées par easyJet plc, qui restera côté à la Bourse de Londres. Si la compagnie assure que cette nouvelle filiale ne menace pas ses 6 000 employés britanniques, elle impliquerait des création d'emplois en Autriche qui s'ajouteraient alors aux 4 000 membres d'équipages déjà basés au sein de l'Union. Le chancelier autrichien, Christian Kern, n'a pas manqué de saluer la nouvelle.

« La qualité a battu la course au dumping salarial dans les 27 autres pays européens. Le meilleur l'a emporté sur le moins cher. Cela montre qu'une économie solide a besoin d'un Etat fort pour l'appuyer. »

Christian Kern, chancelier autrichien

Le choix de Vienne pour héberger cette filiale est favorablement accueillit, car les acteurs du transport aérien redoutaient une stratégie de dumping fiscal avec une base installée dans un pays d'Europe de l'Est.

EasyJet est désormais la cinquième compagnie aérienne européenne, elle a réussi à s'imposer comme un acteur incontournable du secteur aérien face aux compagnies historiques. Si les bénéfices ont chuté de 28 % sur l'exercice 2015-2016, son modèle économique a fait ses preuves et ses avions n'ont jamais été aussi remplis (91,5 %). La compagnie orange prend maintenant les devants pour limiter l'impact du Brexit – dont les conditions restent à définir – sur son activité.