En plein hiver, la Garonne manque d'eau

Publié le 12 mars 2023

Après un été 2022 marqué par la canicule, la Garonne subit une sécheresse hivernale qui l'empêche de retrouver un débit habituel. Un phénomène inquiétant pour les mois à venir, alors que les réserves d'eau ont été largement utilisées lors du précédent étiage.

Le débit de la Garonne est trois fois inférieur à la normale de saison depuis le début de l'année.
Le débit de la Garonne est trois fois inférieur à la normale de saison depuis le début de l'année.
© Clément Gruin

Alors que l’hiver n’a pas encore pris fin, le niveau de la Garonne est alarmant. Le débit est trois fois inférieur à la normale de saison et correspond à un niveau estival. Signe de la gravité de la situation, un comité sécheresse a été mis en place dès le mois de janvier, du jamais vu.

Le contraste est saisissant avec l'année passée, lorsque la crue avait inondé les berges de la Garonne à Toulouse en janvier.

« On est tout simplement dans les débits les plus bas jamais enregistrés sur les trente dernières années », souligne Bernard Leroy, responsable de la gestion d’étiage au Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (Smeag).

Et la marge de manœuvre est mince pour le gestionnaire du fleuve. A l'été 2022, qui a connu une sécheresse exceptionnellement longue, 82 % des réserves d'eau ont été lâchées afin de soutenir le débit de la Garonne (soit 58 millions de m3). L’étiage a duré quatre mois en quasi continu et ne s’est terminé que fin novembre, ce qui en fait la plus longue période d'étiage de l’histoire récente du fleuve selon le Smeag.

À l’heure où nous parlons, les réserves d’eau stockées dans les barrages sont historiquement basses, et nous savons que la plupart ne se rempliront pas complètement d’ici cet été.

Jean-Michel Fabre, président du Smeag

L’inquiétude grandit pour l’année 2023 : en plus des débits largement insuffisants pour la saison, l’enneigement limité des Pyrénées produira moins d’eau de ruissellement, et la pluviomètre est à un plus bas historique depuis décembre. Ces facteurs sont préoccupants tant pour les cours d’eau et leurs réserves que pour les nappes phréatiques.

A Toulouse, les piles du pont des Catalans ont passé l'hiver au sec.
A Toulouse, les piles du pont des Catalans ont passé l'hiver au sec.
© Clément Gruin

« L'hiver qui est en cours pour l'instant n'est pas à la hauteur, expliquait sur France Inter Agnès Ducharne, hydroclimatologue et directrice de recherches au CNRS. Il faudrait des pluies supérieures à la normale pour rattraper le coup de ce qui s'est passé l'année dernière. Pour l'instant, ce n'est pas le cas. »

Des conséquences pour la biodiversité et l'activité humaine

Le manque d'eau pourrait avoir des conséquences importantes si il se confirmait dans les mois à venir. L'activité humaine serait affectée, de l'irrigation agricole à la production électrique des barrages et des centrales nucléaires, sans oublier l'alimentation en eau potable des populations.

Un volume moins important entraîne la hausse de la température de l'eau, ce qui a des répercussions pour la biodiversité du milieu aquatique.

Convoqués par le ministre de l’Ecologie à Paris début mars, les préfets pourraient prendre des arrêtés de restriction d'eau dans les semaines qui viennent. Voies navigables de France a pour sa part différé la remise en eau complète du Canal du Midi au 15 mars, dans le but de préserver 400 000 m3 d'eau venus de la montagne Noire.